Les montres et l'automobile une vraie histoire d'amour
Jean-Marc Wollscheid
Voitures et montres sont des monstres de technologie et de design.
Un moment semble cristalliser le point de départ de la relation entre montres et voitures : le début des courses automobiles, quand les pilotes ont souhaité suivre avec précision leurs performances. Même si, aujourd’hui, les pilotes disposent de technologies qui ont supplanté les montres sur les circuits, l’héritage et la tradition ont su garder et même renforcer cette relation privilégiée. Le « Paris-Rouen », qui s’est déroulé en 1894, est la première compétition automobile de l’histoire. La course, organisée par Pierre Giffard, journaliste au Petit Journal, afin de relancer l’intérêt pour le titre, ne parvint pourtant pas à attirer les foules. Sur les 102 concurrents inscrits, seuls 26 véhicules prirent part à la compétition ; nul besoin de mentionner les nombreux aléas et contretemps qui ont émaillé cette grande première…
Il faut attendre les années 1930 pour voir les pilotes adopter des montres pour analyser leurs performances. Une décennie plus tard, le fondateur de Rolex, Hans Wilsdorf, fort d’une intuition géniale, convainc sir Malcolm Campbell de porter une Rolex Oyster lorsqu’en 1947 le pilote britannique pulvérise une nouvelle fois le record de vitesse sur terre. Mais si Rolex a été le pionnier du placement produit, la marque la plus influente dans le monde automobile est sans conteste TAG Heuer. Dès 1911, Heuer fournissait déjà les premiers chronographes de tableau de bord, les bien connus Master Time et Monte Carlo. D’ailleurs, une des montres les plus populaires de la marque, la Heuer Autavia, a d’abord été un chronographe de tableau de bord avant de devenir une montre-bracelet en 1962. Dans les années 1950, Heuer devient rapidement un standard apprécié des pilotes, du fait de la lisibilité proposée par ses montres ; dans les années 1960, la marque innove en créant les premiers chronographes automatiques avec ses modèles Carrera et Monaco. Le Heuer Caliber 11 est d’ailleurs le premier chronographe automatique de l’histoire. Après la crise du quartz dans les années 1970 et le come-back des montres mécaniques et des chronographes automatiques, la relation entre monde automobile et monde horloger n’a cessé de se renforcer. Zenith présentait son fameux El Primero en 1969, tandis que Breitling lançait la première version automatique de sa Chronomat.
Retour vers le futur
Si les montres ne sont plus vraiment utilisées pour analyser les performances des pilotes, l’affection réciproque entre sport automobile et monde horloger n’a jamais cessé. Les collaborations vont d’ailleurs bien au-delà du simple aspect commercial ; elles repoussent les frontières du design, de la technologie et des matériaux. Morceaux choisis.
Orfina & Porsche – 1972 Girard-Perregaux & Ferrari – 1994 Breitling & Bentley - 2003
Roger Dubuis & Lamborghini – 2017 Tissot & Alpine – 2018 Richard Mille & McLaren - 2018
Les montres et les voitures performantes, une histoire d’histoire de goût et d’aventures, de vitesse grisante et de performances absolues… La montre était dès le départ en avance sur l’automobile car déjà toute électrique...