Voitures électriques : l’Europe arrivera-t-elle à combler son retard industriel ?

L’Europe semble avoir pris du retard dans la course à l’électrique, tandis que les constructeurs chinois et les géants de l’électronique investissent massivement. Comment le Vieux continent peut-il rattraper ce retard et atteindre ses objectifs de décarbonation de l’industrie automobile ? Réponse avec François Gemenne, président de l'Alliance pour la décarbonation de la route.

1Voitures électriques : le retard européen face à l'offensive chinoise2

Un objet connecté avec des roues et un volant…

Le prix d’achat comme levier d’adoption massive4L’interdiction des thermiques neuves en 2035 : contrainte ou opportunité ?5La Vallée de la batterie, levier stratégique pour l’industrie française Le retard pris par les constructeurs européens sur le marché de l'électrique est-il récupérable ?  La transition vers l’automobile électrique met l’industrie européenne face à de nouveaux défis de taille – technologiques, économiques, culturels. François Gemenne, président de l’Alliance pour la décarbonation de la route, revient sur la place des constructeurs européens dans le marché mondial de la voiture électrique et sur les échéances imposées par l’Union européenne. En 2024, 10,6 millions de véhicules neufs ont été immatriculés en Europe, parmi lesquels 13,6 % de véhicules100 % électriques1↓.

 À titre comparatif, la même année en Chine, 22,9 millions de véhicules neufs ont été vendus, dont 11 millions de véhicules électriques, ce qui représente la moitié du marché. « Aujourd’hui, on voit bien le retard qui a été pris par les constructeurs européens sur ce segment du marché. Ils ont tardé à prendre le pli et à se convaincre que le futur de l’automobile serait électrique », estime François Gemenne. Résultat : en 2024, les plus gros vendeurs de voitures électriques à l'échelle mondiale sont américains et chinois : Tesla (US), Byd (Chine) et Geely (Chine) dominent le marché. Et dans le top 10 des constructeurs qui vendent le plus de voitures électriques dans le monde, on trouve seulement trois Européens : Volkswagen, BMW et Stellantis2↓, qui pèsent à eux trois, moins lourd les deux géants Testa et Byd indépendamment. Dans le top 20, les constructeurs chinois dominent et représentent plus de la moitié du marché.

Pour expliquer ce retard, l'expert évoque notamment une négligence des constructeurs européens concernant la demande en voitures électriques citadines, au profit de la catégorie SUV. Le segment des SUV domine effectivement le marché européen : toutes motorisations confondues, environ 51 % des ventes de voitures neuves en 2023 étaient des SUV, contre 21 % de citadines… Les aides à l’achat poussent aussi vers une relocalisation de la production : en France, le bonus écologique est recentré depuis 2024 autour de modèles atteignant un score environnemental minimum, produits en grande partie en Europe. 

Une surprime de 1 000 euros est même attribuée aux modèles 100 % européens, de la batterie à l'assemblage. Une façon d’orienter les choix des consommateurs et d’encourager les constructeurs à développer leur production de véhicules électriques. Pour retrouver une souveraineté stratégique, l’Europe pousse le développement de chaînes d’approvisionnement locales. En France, la Vallée de la batterie dans les Hauts‑de‑France est un projet structurant pour la création d’une filière industrielle allant de l’extraction des métaux au recyclage des batteries usagées. Dès la fin de l’année 2025, la gigafactory de batteries de l’entreprise Verkor à Bourbourg (59) devrait être mise en service avec une capacité de production de 16 GWh – de quoi équiper en batteries 300 000 voitures électriques par an. La start-up grenobloise a pour ambition de passer à une capacité de production de 50 GWh en 2030. Le développement de projets industriels comme la Vallée de la batterie montre que l’Europe dispose encore des leviers nécessaires pour rattraper son retard et bâtir une filière électrique compétitive. 

Sources : https://media.roole.fr

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