Le principal problème des constructeurs automobiles européens se résume en un mot : la demande.
En 2024, l’Europe a produit deux millions de voitures de moins qu’avant la pandémie de Covid-19. Avec l’augmentation du coût de la vie et les taux d’intérêt élevés, les Européens sont de moins en moins en mesure de s’offrir une nouvelle voiture.
« La classe moyenne européenne perd du pouvoir d’achat », a déclaré l’année dernière Luca de Meo, PDG de Renault.
L’absence de demande est particulièrement marquée pour les voitures électriques, dont les prix ont augmenté ces dernières années. Une réduction des coûts était pourtant espérée, grâce à la baisse du coût des batteries et à des économies d’échelle.
Le déclin de la production européenne est accéléré par la tendance du « local pour local ». Cette logique pousse les constructeurs automobiles, tels que les marques allemandes, à produire et s’approvisionner de plus en plus dans le pays de destination de leurs voitures. Les voitures destinées au marché américain par exemple, sont alors construites dans le nord de l’Amérique.
« L’analyse de rentabilité de la fabrication en Europe doit être améliorée », explique à Euractiv Sigrid de Vries, directrice générale de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), le principal lobby de l’industrie automobile de l’Union européenne (UE).
La diminution du nombre de voitures produites en Europe signifie également la diminution du personnel nécessaire à leur construction.
Au total, 88 000 suppressions d’emplois ont été annoncées en 2024, selon les données d’Eurofound. Volkswagen, le plus grand constructeur automobile européen, compte supprimer de 35 000 emplois d’ici 2030. L’entreprise promet toutefois de ne pas licencier de personnel.
De toute manière, la main-d’œuvre de l’industrie automobile vieillit. Ces prochaines années, des milliers de travailleurs partiront donc à la retraite.
En outre, même les représentants des travailleurs reconnaissent l’existence d’une « surcapacité » . Volkswagen, par exemple, construit neuf millions de voitures par an avec 680 000 employés dans le monde, alors que son rival japonais Toyota en construit autant avec seulement 375 000 employés.
William Todts, directeur exécutif de l’ONG Transport & Environment, a récemment remis en question l’existence d’une crise dans le secteur automobile en général, soulignant les profits records des constructeurs automobiles ces dernières années.
Ces profits ont été réalisés en « tirant le maximum du moteur à combustion interne », notamment en retardant les investissements dans l’électrification, explique Judith Kirton-Darling, ainsi qu’en « comprimant leur main-d’œuvre » en versant des salaires plus bas.
Le problème des pertes d’emplois est accéléré par le passage aux véhicules électriques. Avec moins de personnel nécessaire pour les assembler, des chaînes de valeur entières pour les pièces des moteurs à combustion interne disparaissent. A suivre…