Pression maximale sur l’industrie automobile d’un côté, situation géopolitique particulièrement instable de l’autre: au sein de certains gouvernements, mûrit l’idée de convertir des emplois vers l’industrie de guerre.
«À toute chose, malheur est bon», dit le proverbe. En l’occurrence, ce sont deux malheurs qui se rencontrent, l’un apportant une solution à l’autre. En effet, nous savons tous que la marche forcée et précipitée vers la voiture électrique a sérieusement mis à mal l’industrie automobile européenne, qui n’était pas prête à cela (pas plus que le public, d’ailleurs).
Cette transition, ajoutée aux différentes crises qui ont touché le secteur (covid, pénurie de semi-conducteurs, guerre en Ukraine), a eu pour effet des baisses de production, des réductions de coûts et, dans bien des cas, des fermetures de sites de production.
Mais voici qu’un autre malheur surgit: le climat géopolitique tendu et la nouvelle méfiance de l’Europe vis-à-vis de la Russie et de Trump. S’ensuit le discours que vous connaissez sur la nécessité pour l’Union européenne de se réarmer.
Des réflexions en Italie, Allemagne, Belgique
Le premier à émettre pareille idée, en février, fut le ministre belge de la Défense, Théo Francken. Quelques jours avant la fermeture officielle de l’usine Audi de Bruxelles, il avait évoqué la possibilité de convertir le site pour la production de véhicules blindés.
Plus récemment, alors que l’Europe est plus que jamais motivée à prendre en main sa défense, c’est le PDG de Rheinmetall, fournisseur d’éléments pour l’industrie automobile mais surtout géant allemand de la défense, qui s’est déclaré en faveur du rachat d’une des usines dont VW prévoit de se séparer. D’ailleurs, face au basculement du marché (moins de demande pour l’automobile, plus de demande pour l’armement), l’entreprise a déjà commencé à réorienter deux de ses usines.
Même logique en Italie, où les usines Fiat, actuellement sous-exploitées, ont une longue histoire de collaboration avec l’industrie militaire. Le département défense d’Iveco pourrait également reprendre ou relancer des sites, tout comme l’entreprise Leonardo, partenaire stratégique de Rheinmetall.
Sources : https://www.virgule.lu
Soyons clairs: toutes ces pistes n’en sont qu’au stade d’idées, car la conversion d’une usine vers l’industrie militaire est toujours un débat extrêmement délicat dans n’importe quel pays «normal». Mais entre les pertes d’emplois d’une industrie en crise et un climat international qui va booster une autre industrie, des décisions pourraient tomber plus vite que de coutume.